Fond sonore
Les Sillons. Les Sillons. Les Sillons. Les Sillons. Les Sillons. Les Sillons. Les Sillons. Un podcast PRÉSENT.E pour La Ferme du Buisson.
Camille Bardin
Bonjour à toutes et à tous. J’espère que vous allez bien. Je m’appelle Camille Bardin, je suis critique d’art et curatrice indépendante et depuis 2020, je produis PRÉSENT.E, un podcast dans lequel je reçois des artistes pour parler de leurs œuvres, mais surtout de toutes les réflexions et les doutes qui se cachent derrière celles-ci. Pour ce hors-série j’ai souhaité faire dialoguer entre elleux des artistes. Vous le verrez, iels ont des profils très différents : iels n’habitent pas les même villes, ne sont pas diplômé·es des même écoles et ont des pratiques qui pourraient a priori ne pas avoir grand chose en commun. Pourtant, toustes présentent leur travail au Centre d’art de La Ferme du Buisson jusqu’au 16 juillet prochain dans l’exposition Les Sillons. Mais vous vous en doutez, ici il n’est pas seulement question de calendrier partagé. Il m’a semblé que de la rencontre entre leurs recherches naissaient parfois de passionnantes réflexions. C’est pourquoi j’ai choisi de les faire échanger entre elleux… Aujourd’hui, je reçois deux des artistes de l’exposition Les Sillons, Nesrine Salem. Bonjour Nesrine.
Nesrine Salem
Hello.
Camille Bardin
Théophylle Dcx. Bonjour Théophylle.
Théophylle Dcx
Coucou.
Camille Bardin
Certains et certaines d’entre vous reconnaîtront peut-être ta voix, Théophylle, puisque j’ai inauguré la saison 3 de PRÉSENT.E avec un épisode qui t’était consacré et que je vous conseille d’écouter, après celui-ci, bien sûr, restez avec nous en attendant. [Rire] Théophylle et Nesrine sont deux artistes que je connais très bien pour être tout à fait honnête, ce sont même mes plus belles rencontres de l’année dernière. Je suis donc ravie qu’iels soient toustes les deux au micro de PRÉSENT.E aujourd’hui. Néanmoins, ce n’est pas l’amitié qui m’a poussé à vous réunir aujourd’hui. En préparant ce hors-série de PRÉSENT.E sur l’exposition Les Sillons. J’ai relu votre travail sous un prisme nouveau et je dois dire que j’ai trouvé que cela pourrait être vraiment très intéressant de faire dialoguer vos deux pratiques entre elles, parce qu’elles abordent parfois des thématiques similaires sur les questions d’identité, de rapport à soi et aux autres, mais alors elles le font de manière radicalement différente, je trouve. Pourtant, toustes les deux, vous parlez de votre individualité à partir de certains motifs. Toi, Théophylle, tu as choisi comme base de ton récit les boîtes de médicaments que tu consommes depuis 2014.
Théophylle Dcx
16.
Camille Bardin
16 ? Oh non ! 2016.
Théophylle Dcx
C’est pas grave !
Camille Bardin
Donc depuis 2016. Et toi, Nesrine, tu as comme point de départ une sorte d’allégorie. Il s’agit d’une flaque de pétrole enflammée. C’est ça ?
Nesrine Salem
Oui.
Camille Bardin
Est-ce que vous voulez bien, pour commencer, m’expliquer des éléments qu’on retrouve respectivement dans vos travaux ? Qui veut commencer ? Théophylle ? Allez ! Nesrine a gentiment pointé du doigt Théophylle. Alors, arbei (expression allemande signifiant « au travail ») !
Théophylle Dcx
Comme tu le disais, moi, dans l’exposition Les Sillons, je présente une vidéo dans laquelle je mets en scène les boîtes de médicaments que je consomme depuis 2016, qui sont une trithérapie, maintenant une bithérapie, pour les personnes séropositives… pour personnes séropositives. Je les ai mis en scène en les regroupant un peu tous en mode vlog assez long, dans une vidéo où je me filme dans mon salon à Marseille, où je raconte la chronologie qui termine par se mélanger en fonction des va-et-vient que je fais avec la caméra, de ce que cette boîte peut me renvoyer à un moment. Au début, on parle d’un truc un peu médical, puis après on dérive sur des trucs un peu plus… Genre vie amicale, vie festive, vie sexuelle, etc.
Camille Bardin
Affective et autres.
Théophylle Dcx
Affective, oui, of course.
Camille Bardin
Et toi du coup, Nesrine, le motif, je le disais, c’est une flaque de pétrole. Comment tu l’expliques ?
Nesrine Salem
La flaque de pétrole, c’est quelque chose qui me suit depuis les Beaux-Arts. Ma pratique est spécialement basée sur la vidéo et sur les installations. Je me suis beaucoup servie de l’huile de vidange usagée pour ses capacités réflectrices et pour son odeur, ça pue. Enfin c’est violent quoi. Et la possibilité qu’elle puisse prendre feu facilement. J’ai tout d’abord fait des réceptacles pour faire des projections directement sur l’huile. Puis c’est devenu des flaques. Et donc je me suis rendu compte que le pétrole, c’était probablement le truc qui sortait du sol algérien le plus facilement. Parce que pour les Algériens, les Algériennes, c’est presque impossible d’avoir un visa. Du coup, cette flaque de pétrole, c’était la seule chose que j’avais pu trouver comme auto-portrait pendant mes années de Beaux-Arts. J’ai donc eu le privilège d’attérir là, mais c’est sous la forme d’une flaque quoi. [Rire]
Camille Bardin
En plus, tu parles de la flaque de pétrole, mais là spécifiquement, elle est enflammée, cette flaque.
Nesrine Salem
Le film présente des sortes d’entrées. Chaque scène peut devenir une clé de lecture à ce qui a foutu le feu à cette flaque. La question de ce film, c’est qu’est-ce qui reste quand tu fous le feu à une flaque noire ?
Camille Bardin
Très bien. En discutant avec vous, il m’a semblé qu’il y avait un autre point intéressant qu’on pouvait aborder ici, c’est votre rapport au temps. Toi, Théophylle, tu montres toutes ces boîtes comme une sorte de timelapse de ta vie. Chacune d’entre elles devient comme une sorte de point d’étape dans ton parcours. Tu essayes de retracer le fil de ton histoire à partir d’elles, en quelque sorte.
Théophylle Dcx
Ouais, enfin, en tout cas, au début, je l’ai… C’est plutôt comment est-ce que mon histoire me revient ? Parce que quand j’ai préparé la vidéo, je m’étais dessiné plein de petits camemberts… Enfin pas des camemberts mais tu sais des espèces de petits schémas en mode Triviale Poursuite, etc. Avec comment j’avais envie que les boîtes soient au sol et dans ce camembert, comment je découpais et je me suis dit « Là, j’aimerais bien… » Enfin, il y a un camembert sur l’évolution du traitement, un camembert sur mon rapport au corps médical, un camembert sur la vie affective, un camembert sur… Enfin plein de petits camemberts. Et du coup, au final, ils terminent un peu tous par se mélanger. Du coup, on parle de quelque chose de chronologique, mais dans le sens « Comment est-ce que mon histoire, elle me revient ? » Et du coup, à un moment, dans ce camembert, il y a un truc qui va me revenir. Mais ça, je ne peux pas le savoir tant que je ne suis pas dans le moment vidéo face aux médicaments parce que les camemberts étaient très précis. Et puis, une fois que je me retrouve à filmer avec la caméra, il y a d’autres trucs qui viennent se mélanger.
Camille Bardin
Oui, c’est comme si… En fait, tu commences à raconter ton histoire et comme au fil d’une conversation, finalement, tu as des souvenirs qui te reviennent et tu les attrapes comme ça et tu dis « Ah ! D’ailleurs, ça me fait penser à telle anecdote quand je me suis retrouvé… ».
Théophylle Dcx
Et du coup, on va dans un autre camembert, que ce soit au début, au même moment ou à la fin tout de suite d’un autre camembert.
Camille Bardin
Parce que est-ce que tu peux nous raconter, finalement, comment tu t’es… L’histoire de ces boîtes aussi ? Comment tu t’es retrouvé à avoir toutes ces boîtes étalées devant toi et à décider… Comment ton processus de travail s’est fait ? Pourquoi tu as choisi de l’utiliser comme matériau de travail finalement ?
Théophylle Dcx
Au début, mes parents n’étaient pas au courant que j’étais sérepo. Après ça, je l’explique dans la vidéo pour les gens qui pourront la regarder. Du coup, je pense que j’ai commencé à garder les boîtes pour ne pas qu’il y en ait qui soient jetées ou quoi. Et je pense que dans tous les cas, très vite dans ma tête, je me suis dit : « Je ferai quelque chose de ces boîtes, je ne sais pas quand. » Et puis après, juste le réflexe de garder la boîte s’est accumulé. Du coup, j’avais genre des espèces de cabas Carrefour ou Casino où il y avait toutes mes boites de médicaments, puis il y a eu des déménagements. Quand je suis arrivé à Marseille, j’avais ramené mes boîtes de Nice, mais mes boîtes de Lyon, elles étaient stockées chez le père d’un ami avec qui j’étais au lycée, Georges, qui s’est installé à Marseille il y a un an, je pense, un peu plus. Du coup, quand il a déménagé, je lui avais demandé de me ramener les boîtes qu’il avait stockées et c’est quand je me suis retrouvé avec toute la masse, je me suis dit : « Là, it’s time ». Mais je n’étais quand même pas prêt à m’en séparer ou à les laisser quelque part, qu’elles puissent être loin de moi, même si proches de moi, elles ne me servent à rien et elles sont dans ma cave. Ou alors quand j’ai de la flemme, elles terminent dans un tiroir et du coup, il y en a un peu… pas de partout, mais genre à des endroits dispersés dans mon espace. Mais je n’avais pas forcément envie qu’elles puissent être manipulées, qu’elles puissent être transportées, qu’elles puissent être loin. Du coup c’est pour ça que la vidéo elle est…
Camille Bardin
Du coup, c’est un vrai rapport charnel avec elles en quelque sorte.
Théophylle Dcx
Je pense que ça va se délier.
Théophylle Dcx
Je ne sais pas comment tu le…
Théophylle Dcx
Pour l’instant, je n’étais pas du tout prêt à ce qu’elles soient quelque part d’autre. À ce qu’on les regarde en mode boîte de médicaments, etc. Comment on peut regarderdes boîtes de médicaments dans une expo et que ce soit peut-être autre chose ? Du coup, la vidéo, c’était quand même le truc qui m’est venu le plus rapidement. Parce qu’ensuite je pouvais raconter ce que j’avais envie de raconter de manière assez spontanée et pas que ça devienne une sorte de performance qui peut laisser place à du spontané, mais qui serait quand même globalement un peu toujours la même chose, avec toujours les mêmes dispositifs, etc. Alors que là, c’est vraiment un espèce de one shot. Même moi, parfois, la vidéo, je me dis : « Là, c’est un peu chiant, il faut que je l’écourte, etc. », mais je ne peux pas vraiment le refaire parce que vu qu’il y a des trucs qui reviennent sans que je le décide ou quoi. Genre rejouer la spontanéité, c’est… non.
Camille Bardin
Oui, tu te laisses surprendre aussi par tes souvenirs comme on disait.
Théophylle Dcx
Oui et ça me permet de les garder, en tout cas.
Camille Bardin
Quant à toi, Nesrine, tu m’expliquais que ton rapport au temps était presque cyclique. En tout cas, il n’a ni avant ni après. Est-ce qu’on peut dire que ton travail tente finalement de capter tous les détails et toutes les ramifications qui composent une identité diasporique ?
Nesrine Salem
Je crois que mon rapport au temps, c’est clairement quelque chose qui vient du fait que les traumas qui sont dans ma vie, c’est des choses qui font plus mal parce qu’ils existent dans la vie de ma mère, dans la vie de ma grand-mère, dans la vie de mon arrière-grand-mère. Donc, je pense qu’un corps diasporique, qu’un corps traumatique, c’est un corps qui voit pas le temps de manière linéaire. Les choses, elles se répètent et donc tant que tu les travailles pas, c’est juste quelque chose qui se répète dans un temps flou. C’est cette chose-là que j’ai tenté de présenter dans mon film parce qu’en gros, le film est fait pour se lire en boucle, donc il y a pas de fin, il n’y a pas de début.
Camille Bardin
Dans le film que tu montres spécifiquement à La Ferme du Buisson a plein de captures, d’espèces de… Comment on pourrait dire ? D’extraits presque de pensées captées çà et là et qui s’enchaînent les unes après les autres. C’est des espèces de pensées, mais poétiques. Ce sont des poèmes en soi qui sont dits par ton actrice et qui viennent capter çà et là des réflexions que tu mènes.
Nesrine Salem
Ce que je crois, c’est que chacune des scènes et donc chacun des écrans, c’est comme si c’était une clé de lecture à ce qui aurait possiblement foutu la flaque en feu. C’est pour ça qu’il y a des scènes qui parlent de la violence de la langue française, parce que ce film, il est en anglais. Puis, il y en a une autre qui parle directement d’une personne que j’ai perdue. Ça parle aussi de mort indigne et de comment tu fais ton deuil quand t’as pas la place pour le faire et qu’on t’autorise pas à le faire. Ça parle aussi du tokenisme que je vis dans le monde de l’art. Il y a plein d’entrées.
Camille Bardin
Et le deuil dont tu parles dans le film, tu expliques bien qu’il ne s’agit pas là d’une destination, mais d’un processus. Et là, on se rejoue encore cette idée de boucle ?
Nesrine Salem
Oui. Ce que je crois, c’est que… Je parle de ça, donc je n’ai toujours pas trouvé la réponse. Mais ce que je crois, c’est que le deuil, c’est quelque chose que tu pratiques tous les jours, donc il y a pas de fin. Ça change pour chaque personne. Chaque deuil, il est différent et donc il se termine pas non plus apparemment.
Camille Bardin
Hum. Ou en tout cas, il prend d’autres couleurs. Peut-être que j’aurais pu commencer par là, finalement. Mais en fait, vos œuvres se rejoignent, ne serait-ce que formellement. Vous utilisez toustes les deux le médium vidéo. Je pense qu’on l’a compris jusqu’ici. Néanmoins, là encore, vos manières de procéder sont radicalement différentes. Toi, Théophylle, tu as choisi de reprendre l’esthétique du vlog pour la vidéo que tu montres à La Ferme. Tu utilises ton objectif pour montrer du doigt, pour dire et choisir. Comme on le disait, tu nous expliquais que tu avais choisi d’employer la vidéo pour pas exposer les boîtes, mais plus pour exposer, finalement, ton récit ; le récit que tu nous livres dans cette vidéo-là. En même temps, ce qui m’intéresserait, c’est de t’interroger sur ce choix de l’esthétique du vlog. C’est quelque chose qui est arrivé dans les années 2010, c’est quelque chose de souvent très léger, qui n’est pas scripté, etc. Qu’est-ce que tu as à nous dire là-dessus ? Justement, sur la légèreté de ton ton aussi, cette espèce de spontanéité avec laquelle tu racontes une histoire qui est, encore une fois, très intime.
Théophylle Dcx
Déjà, je réitère mon big up à Lavande, qui est une amie qui fait des super vlogs et de qui je me suis inspiré et qui m’a aidé dans la construction de cette vidéo, en tout cas.
Camille Bardin
Toutes les références seront en description du podcast, donc allez voir le travail de Lavande.
Théophylle Dcx
Oui, comme tu dis, dans ce format, il y a ce truc de légèreté. Moi, j’avais jamais… Je fais de la vidéo, mais je me suis jamais filmé, enfin, auto filmé en tout cas, c’est la première fois que je faisais ça. Donc d’être tout seul chez moi, j’avais fumé un petit peu pour être un peu plus à l’aise devant la caméra et que ma spontanéité soit peut-être elle aussi plus légère. [Rire] Mais d’être chez soi, de pas être en mode préparation et de faire… et de recouper de manière très brève ensuite au montage. Genre juste, le flow, il est continu et t’as pas trop… Je ne sais pas comment dire, t’as peut être pas trop le choix de… Le récit, je sais ce que je veux dire, mais comme je l’ai dit, il arrive, il est en continu et moi, j’y réagi plus ou moins… J’y réagi en direct, même s’il y a quelques trucs que j’ai recoupés au montage. Puis derrière, je mets un peu un petit fond musical en mode « c’est fun, mais on parle quand même de truc semi sérieux. » Ce truc de déballer les boîtes, les bouger tout en bougeant avec ma caméra et en racontant toutes les histoires, je pense que c’était surtout ça qui m’intéressait, mais en vrai, avant d’en discuter après avec Lavande, etc., j’avais même pas encore posé le mot « vlog ». C’est vraiment un truc qui est arrivé après, parce que j’en consomme pas forcément. C’était vraiment ce format, genre one shot.
Camille Bardin
Oui un formet hyper spontané encore une fois. Oui, parce que tu disais que tu parles de sujets sérieux et effectivement, du coup, on pourrait… Je pense que c’est ça aussi qui dénote et qui fait que ta vidéo, on reste un peu scotché.e devant. C’est que du coup, tu as ce truc-là de spontanéité, de légèreté, etc. Pour justement, comme tu le dis, ta formulation, parler de sujets sérieux. Pourquoi tu as choisi cette voie ? Moi, te connaissant, ça me semble évident aujourd’hui, mais en même temps, j’imagine que ça peut capter les regardeur.euses en mode « Waouh ! »
Théophylle Dcx
Ah ouais ? « Waouh ! » dans quel sens ? Parce que de faire ce truc de vlog… Du coup c’est…Même si c’est moi aussi, mes autres travaux… Là, c’est aussi vraiment moi et il y a ce truc de spontanéité, ce truc de blagues en parlant de trucs sérieux. Même si je ne suis pas là pour faire de la pédagogie, il y en a forcément à un moment tu vois. Dans tous les cas, c’est en rigolant qu’on apprend mieux… Ou quu’on se connecte en tous cas.
Camille Bardin
Grave, mais du coup, on n’a pas à l’habitude. On n’a pas l’habitude.
Théophylle Dcx
Bah… Je sais pas.. Ouais j’avoue ouais peut-être. Dans mes cercles, si. [Rire]
Camille Bardin
Bah oui, c’est ça. [Rire]
Théophylle Dcx
Mais oui c’est vrai qu’on n’a peut être pas l’habitude de… Et ça peut peut-être déranger aussi. Je pense qu’il y a parfois des gens qui ne sont pas forcément prêt.es à en rire et il y en a qui sont en mode « Ah OK, cool ».
Camille Bardin
Ouais. [Rire] À l’inverse, Nesrine, même si tu convoques toi aussi cette esthétique du vlog, on l’a vu dans certains de tes projets, tu utilises très souvent ou en tout cas, tu as utilisé pendant un temps une caméra qui filme à 360 degrés. Ce choix, il intervient pour satisfaire ta volonté de ne pas imposer ton point de vue aux regardeur.euses. Est-ce que tu peux nous en parler de ce choix-là, de cette caméra ? Je te vois faire une grimace. C’est juste une question !Est-ce que tu peux nous expliquer aussi pourquoi tu as choisi dans cette vidéo-là, de filmer non pas avec une caméra 360 mais avec des plans traditionnels ?
Camille Bardin
Je crois que la 360, ça m’est venu pas dans le sens de ne pas imposer de point de vue aux regardeur.euses, mais ça m’a permis, moi, dans ma pratique, de faire les choses sans me sentir renfermée. J’ai l’impression que ce que j’aime dans l’art, c’est quand les choses ne sont pas figées. Si je vais dans une expo et que je vois des choses qui ont l’air figées, j’arrive pas à me faire prendre par ça. Du coup, la 360, ça me permet de filmer des choses et de décider ce que je veux montrer, ce que je veux dire, de faire dire plein de choses au même fichier. Encore une fois, en tant que personne qui voit pas le temps de manière linéaire, j’aime bien.
Camille Bardin
Oui, décidément, même dans la forme, ça a un impact.
Nesrine Salem
Oui. Pour ce film, j’ai fait des plans traditionnels et…
Camille Bardin
Je sais pas comment les nommer. « Traditionnels », ça me semble très moche à l’oreille. Mais je ne sais pas… des plans, j’allais dire « fixes », mais non, ce n’est pas fixe parce que c’est un film mais… « Qu’on a l’habitude de voir. » Je sais pas. [Rire]
Nesrine Salem
Voilà c’est ça. Mais donc, c’est la première fois qu’il y a des humains dans mes projets, ce qui est déjà fou. Il y a de la voix, ce qui est fou aussi. Et donc je me suis servi de l’esthétique de vlog dans un vœu d’être plus généreuse et plus frontale sur les sujets que j’aborde. Ce que je voulais, c’était pas faire un film qui parle du deuil, qui parle de l’Algérie comme si c’était des vieilles choses, que ça ne nous atteint pas. C’est une jeune femme qui s’appelleChaïma Boumaaz, qui interprète mes textes. En gros, elle te parle comme si t’étais sa pote. Elle te dit ce qui vient de se passer dans son dîner pro, ce que c’est sa relation avec son utérus. Des choses que clairement, je crois qu’on a pu se dire plein de fois.
Camille Bardin
C’est clair. [Rire]
Nesrine Salem
Et donc l’esthétique de vlog ça m’a permis cette légèreté et donc ce ton-là que… Oui, ça parle de choses qui sont sérieuses, mais vu que toi, tu les vis dans ta vie, t’en parles avec un petit peu de… T’en parles soit avec des petites blagues, soit des vénères, mais c’est légitime aussi. Mais pas tout d’un ton « Rararar ». [Elle grommelle]
Camille Bardin
Là, encore une fois, pour le coup, vous vous rejoignez, c’est que vous vous parlez toustes les deux de manière très frontale de sujets qui vous préoccupent intimement. Et en même temps, il y a une espèce de… Encore une fois, je trouve que c’est ça aussi qui nous capte, c’est votre tonalité qui est hyper… Je ne sais pas, du coup, on a l’impression… Cette tonalité, elle ajoute un côté hyper affectif. C’est qu’effectivement, comme tu le disais, on a l’impression que c’est une amie qui nous parle et toi aussi, Théophylle, on est chez toi et on a l’impression qu’on ne s’est pas vu.e depuis longtemps et qu’on boit un café ensemble et que tu nous racontes tout.. Ou qu’on fume un pet si tu préfères. [Rire]
Théophylle Dcx
C’est exceptionnel le pétard.
Camille Bardin
Allez ! [Rire] Il y a autre chose qui m’a beaucoup marquée dans vos travaux et dont on a déjà beaucoup parlé ensemble. Vous aurez compris, on a déjà beaucoup parlé toutes et tous ensemble, donc je vais arrêter de me répéter. C’est votre rapport à l’intime et surtout votre manière d’y faire référence ou non dans vos travaux. Toi, Théophylle, tu procèdes, comme on le disait de manière très frontale, les images que tu captes, les mots que tu nous adresses se faufilent dans les moindres recoins de ton intimité. Qu’est-ce qui fait que tu décides de mettre aucun filtre entre toi et les regardeur.euses ? Sachant que tout à l’heure, tu disais « Oui, entre nous, on se parle comme ça. » Sauf que là, en fait, ton travail, il est exposé. Donc il sera forcément exposé à des gens qui ne sont pas ton « nous ». Du coup, tu te mets quand même dans une situation potentiellement de grande fragilité. Et en même temps, pas tant que ça. Parce que tu as une telle aisance que je trouve que du coup, tu en deviens un inattaquable. Je te laisse parler.
Théophylle Dcx
Oui, vu que c’est moi qui dis ça comme tu dis, avec cette aisance, cette spontanéité, cette légèreté et tout. Mais je ne peux pas… Je sais ce que je dis, je sais ce que je raconte, donc j’ai du mal à voir comment ça pourrait se retourner contre moi, à part des gens qui soient totalement pas d’accord avec la vision que je peux avoir.
Camille Bardin
Oui et puis tous les -phobes quoi.
Théophylle Dcx
Oui, ça oui. Ça oui, de ouf. Mais fuck les -phobes. [Rire] Non, je ne sais pas, ce n’est pas un truc qui me… Ce n’est pas un truc qui m’inquiète. Et puis, en étant intimes et avec ces discours qu’on a, ça permet aussi aux gens, même si on ne partage pas forcément les mêmes choses, même si on n’a pas les mêmes vécus, en fait nos intimités se regroupent forcément à un moment et ça permet aussi aux autres personnes, qu’elles soient proches ou qu’elles me découvrent dans un vlog, dans une expo, de se dire « Ah, mais un peu same », mais pour toute autre chose ; que ce soit une manière de raconter quelque chose, de le formuler, d’avoir vécu ça. Enfin, je ne sais pas… Comment est-ce que c’est abordé ou parfois, parce qu’il y a des trucs qui sont abordés, il y a des trucs qui sont survolés, il y a des trucs qui sont dispersés.
Camille Bardin
Oui, et puis, on ne peut pas ignorer un truc dans ta vidéo, c’est que tu parles aussi du parcours d’un adolescent et d’un jeune adulte. Et donc, ne serait-ce que là-dessus…
Théophylle Dcx
Fin d’ado.
Camille Bardin
Fin d’adolescence, oui oui. De gamins qui se découvrent, de gamins qui découvrent la sexualité, de gamins… Enfin, il y a aussi tout ça.
Théophylle Dcx
Oui voilà, c’est pas juste un truc de séropo, quoi.
Camille Bardin
Non non clairement.
Théophylle Dcx
C’est genre le début, mais après…
Camille Bardin
C’est ça. De rapport à la famille, de ce que tu vas dire ou pas, de proximité ou non. Enfin, il y a aussi tout ça que je trouve intéressant. J’ai trop envie de citer une phrase depuis tout à l’heure, mais je n’arrive plus à retrouver l’autrice qui l’a sortie. Mais il n’y a pas longtemps, j’ai lu cette phrase qui était trop intéressante, qui parlait de ce rapport aux marges et du fait de leur position, tu as un point de vue sur le monde qui touche à l’universel. Elle inversait tout ce rapport d’universalité qui sont le jalon des personnes dominantes, blanches, hétéros, etc. J’ai trouvé ça hyper intéressant, mais je ne le retrouve plus. C’est terrible, mais si je le retrouve entre temps, il sera en référence. [Rire] À ton tour, Nesrine. Là encore, ton rapport à l’intime et surtout à sa monstration, il est assez différent, jusqu’ici en tout cas, parce que là, encore une fois, ta vidéo actuellement, c’est un gros basculement dans ton travail. Tu fais des gros yeux. Mais dans ton travail, jusqu’ici, en tout cas, il y avait une certaine pudeur. Tu procèdes souvent par allégorie, par métaphore. Cette mise à distance, elle est aussi là pour te protéger d’une potentielle tokenisation de ton travail et des histoires que tu narres, j’ai l’impression, jusqu’ici. Et en même temps, je veux bien encore une fois que tu nous racontes ce basculement.
Nesrine Salem
Je pense que clairement, jusqu’à présent, le fait de me servir de la 360, de ne pas dire les choses clairement, de ne pas les dire frontalement, c’était ma façon de me protéger dans un monde que je découvrais qui est le monde de l’art, et de ne pas me prendre dans la tête ce que je pouvais très facilement me prendre dans la tête. C’est à travers ce premier film que je me donne la liberté de dire clairement ce que je pense. Mais je pense que toute minorité dans ce milieu comprend très bien que ton travail, ça ne t’appartiendra plus et tu seras le.a représentant.e des groupes racisés et de ci et de ça. C’est pas quelque chose qu’on veut. Il faut s’armer petit à petit pour ne pas que ça se passe.
Camille Bardin
À un moment dans ton film, justement, ton actrice, elle parle du fait qu’il y a des sujets qui deviennent fancy aujourd’hui et à l’inverse, que le boulot, il est pas fait derrière, que c’est juste une espèce de vernis, finalement. Elle en parle aussi à un moment donné dans ton film.
Nesrine Salem
Oui. Je pense que ce qui est très violent quand tu vis ça, c’est que ce que tu racontes, c’est les expériences que tu vis, mais que ta famille vit, que les gens avec qui t’as grandi vivent. C’est juste super violent de voir de quelle façon les personnes très privilégiées peuvent se resservir de ça et totalement pas faire le travail de déconstruction et de s’informer sur ce qu’iels ont le droit de dire et ce qu’iels n’ont pas le droit de dire. Et donc spécialement, je pense que le film, ça parle aussi de l’histoire de ma famille qui est algérienne. Et donc, tout comme j’ai du travail à faire sur ça, pour me libérer de ça, chacun et chacune des Françaises a ce travail-là. C’est donc un travail commun. Ce n’est pas juste nous qui sommes vénères et on ne parle pas forcément de choses qui sont vieilles. [ndlr. La colonisation] Les choses, elles se reproduisent et elles se reproduisent dans nos sociétés et dans la vie de maintenant.
Camille Bardin
Oui. Et puis, s’il y a des personnes défavorablement racisées, c’est bien qu’il y a des personnes favorablement racisées. Donc la question de la race, elle doit être de toute manière déconstruite des deux côtés. Nous devons être les premier.ères à le faire, ce boulot-là. D’ailleurs, il y a un moment, moi, quand je suis arrivée, j’ai eu la chance de voir ton film dans l’expo et j’ai été happée. La première scène sur laquelle je suis tombée, c’est quand elle est à un dîner et elle parle de la manière dont les personnes privilégiées parlent avec aisance, etc. Et parlent comme si iels avaient tout le savoir du monde. Je sais pas, ça m’a trop marquée ça. Je sais pas, est-ce que tu peux m’en parler de cette scène ? Parce que je l’ai trouvé folle et du coup, j’aimerais bien que les auditeur.ices puissent avoir une idée. Ça peut-être un bon exemple, finalement. Si tu as envie.
Nesrine Salem
Cette scène, déjà, c’était une des plus complexes à tourner parce que je l’ai filmée dans un endroit où j’ai passé du temps. Dans ce lieu, c’est le patio d’un bar et il y a plein de bruits. C’était l’enfer. Mais dans un vœu d’esthétique de vlog, il fallait le faire dans les vrais endroits, blablabla. Du coup, ça fait que dans ce texte, elle parle du fait que les personnes privilégiées ne peuvent pas parler de ce qu’elles boivent comme café le matin et que tout le monde va les écouter. Si toi, tu veux parler d’un truc, on n’en a rien à foutre quoi. Ce qui fonctionne bien, c’est qu’on entend des rires des gens, on entend plein de choses. Et donc, à la fin de la scène, elle dit : « Mais t’es sûre que tu m’écoutes ? » Et donc, il n’y a pas de réponse. Est-ce que tu m’écoutes ? Est-ce que tu m’écoutes pas ? On va voir ce qui se passe, ce qui va se passer.
Camille Bardin
Et puis, je pense que ce qui m’a marqué, c’est justement cette dernière phrase où toi, en tant que regardeur.euse, t’es vraiment apostrophé.e à ce moment-là. Déjà, tu filmes ton actrice de manière à ce qu’elle nous regarde droit dans les yeux. Et donc là, en plus, avec cette question qui nous est finalement en quelque sorte directement retournée, t’es vraiment en mode « OK, je vais me concentrer sur le reste de la vidéo. » [Rire] Est-ce que c’est bon pour vous sur les questions liées à vos travaux respectifs ?
Nesrine Salem
Très bien.
Camille Bardin
Parce que là, on passe à l’étape argent. [Rire] Vous le savez, du coup, tous les entretiens de PRÉSENT.E se terminent par la même question. Est-ce que tu réussis à vivre de ton travail d’artiste ? Tu y es déjà passé Théophylle. Mais pour ce hors-série, j’ai un peu adapté cette question aux cas spécifiques des jeunes artistes. Je voulais vous demander quelles informations vous auriez aimé qu’on vous donne avant de quitter l’école ? Quels conseils auriez-vous aimé avoir pendant vos études et avant de sauter dans le grand bain des travailleur.euses de l’art ?
Théophylle Dcx
Plein de choses. [Rire]
Camille Bardin
Oui, c’est vrai ? C’est bien parce que j’ai interviewé…
Nesrine Salem
L’URSSAF. [Rire]
Camille Bardin
Ah ça, le grand classique. [Rire] Oui, j’ai interviewé hier Jacopo, Omar et Charles-Arthur. Je ne sais pas pour les auditeur.ices si vous avez déjà eu cet épisode ou si vous l’aurez, mais je spoil déjà, mais ils étaient tous un peu genre « J’avoue, je ne sais pas trop quoi dire », etc. Donc allez-y, on a besoin de conseils là ! [Rire]
Théophylle Dcx
Bah tous les statuts.
Nesrine Salem
Ouais tous les statuts.
Théophylle Dcx
URSSAF, SIRET, etc. Enfin c’est pareil mais…
Nesrine Salem
Ouais quand tu dois des sous même si tu n’en gagnes pas, ce que je savais pas. [Rire]
Théophylle Dcx
Comment est-ce que tu payes ? Comment est-ce que tu déclares ? Apprendre à faire un dossier de subvention, vers quelles structures se tourner, en sortant d’école.
Camille Bardin
Ça, on l’a pas eu encore, cette info-là. Est-ce que tu peux nous en parler. Toi, ce qui t’a semblé déroutant, enfin ce qui t’a dérouté, c’est le fait de te retrouver à devoir faire des dossiers incompréhensibles quoi ?
Théophylle Dcx
Oui. Après moi j’ai grave eu de la chance, c’est que j’ai eu Artagon Marseille en même temps que la fin des Beaux-Arts et après la fin des Beaux-Arts. Et grâce à eux, j’ai appris à faire tout ça de manière très bien et merci beaucoup à toute l’équipe. [Rire] Mais oui, l’école est quand même censée, je pense, nous apprendre comment est-ce qu’on monte un dossier de subvention ? Vers quelles structures se tourner par rapport à quels projets ? Les résidences de jeunes artistes, que ce soit à échelle locale, sur le territoire ou plus loin, toujours par rapport aussi à la pratique, etc. Et ça, c’est vraiment… survolé. En disant « survolé », je suis sympa.
Camille Bardin
Toi, Nesrine tu en penses quoi ? En plus, toi, c’est particulier parce que là, tu es passée de l’autre côté. Tu étais dans l’équipe technique des Beaux-Arts de Montpellier. Tu as eu accès à des étudiants et étudiantes.
Nesrine Salem
Oui, c’est vrai que c’est… Oui, je suis donc un petit peu passée de l’autre côté, mais pas totalement.
Camille Bardin
Non. [Rire]
Nesrine Salem
Mais donc je vois des choses que je voyais pas. Ce que je trouve important et ce que j’ai découvert et ce que j’aimerais qu’on m’ait dit, c’est que quand tu termines les Beaux-Arts ou alors quand on te propose des choses, t’as pas besoin de dire « oui » seulement parce que t’as pas d’expérience, que si les expos, les choses qu’on te propose ne sont pas dans tes valeurs, c’est pas rien. Quand tu travailles avec des personnes qui sont safe et qui sont saines, ça se passe bien. Juste ne pas faire des choses que pour l’apat du gain. Je pense que ça ne sert à rien.
Camille Bardin
Toi, j’ai l’impression Nesrine que tu as appris à dire « non » ces derniers temps.
Nesrine Salem
Bah… L’année dernière, on m’a proposé de participer à la Biennale d’ArtPress. Dès qu’on m’a proposé, j’étais en mode « Est-ce que vous êtes sérieux.ses ? Vous pensez vraiment que je vais dire « oui » ?! » Je me retrouve dans cette expo. J’ai vu des choses dans la zone à partager, qui fera des sortes d’ateliers de médiation, de ce que j’ai compris. Ça fait juste trop plaisir de lire des choses dans un espace d’exposition qui sont clairement dans tes valeurs. En fait, non, je ne vais pas vendre de mon cul. Ça ne m’intéresse pas de présenter ce que je fais chez vous. Donc c’est trop bien. Il y a des belles personnes et des choses qui se font et il faut persévérer et se retrouver. C’est ce qui se passe ici aussi avec vous.
Camille Bardin
Ouii c’est trop mignon. [Rire] Ça vous va de finir là-dessus : sur le refus et sur le fait de travailler avec des gens qu’on aime et en qui on a confiance.
Théophylle Dcx
Oui, c’est vrai. Le truc des collectifs, on n’a peut être pas dit ça aussi.
Camille Bardin
Non, vas-y. [Rire]
Théophylle Dcx
Travailler avec des gens qu’on aime, c’est aussi faire des trucs ensemble en dehors de projets pour lesquels on vient nous chercher et qu’on nous propose. C’est déjà commencer à travailler ensemble dans des espaces et créer quand même une espèce de synergie qui permet de multiplier plein de trucs après.
Camille Bardin
Être acteur.ices aussi de vos propres parcours et pas attendre qu’on vienne vous chercher et réussir à dire « non » quand on vient vous chercher et que c’est pas si terrible. C’est pas mal. Je trouve ça cool comme conseil.
Théophylle Dcx
NON ! [Rire]
Camille Bardin
No way ! [Rire]
Camille Bardin
Merci à toustes les deux pour le temps que vous m’avez accordé. Vos travaux…
Théophylle Dcx
Merci à vous. [Bruit de bisous]
Camille Bardin
Ça y est, ça finit en ASMR de bisous pendant que je fais mon outro. [Rire] Alors du coup vos travaux sont à retrouver jusqu’au 16 juillet prochain au Centre d’Art de la Ferme du Buisson à Noisiel. Je vous invite vraiment, cher.ères auditeur.ices, à venir les découvrir. Je remercie également Thomas Conchou pour son invitation à réaliser une série d’épisodes à partir de l’exposition Les Sillons et remercie très chaleureusement l’ensemble des équipes de La Ferme. Il y a Céline Bertin, Sonia Salhi, Nina Decastro et j’en passe. Iels sont plus d’une trentaine. Merci pour leur accueil. Je vous dis à dans 15 jours pour un prochain épisode de PRÉSENT.E et au mois prochain pour le nouvel hors-série consacré à l’exposition Les Sillons. Ciao.
Théophylle Dcx
Ciao. [En murmurant pour continuer l’ASMR]
Camille Bardin
Merci. [En murmurant]
Nesrine Salem
Bye bye. [En murmurant]