SOCHEATA AING

Camille Bardin
Bonjour à toutes et à tous. J’espère que vous allez bien ! Aujourd’hui je reçois l’artiste Socheata Aing pour parler d’images, de corps et de catharsis.


Jingle : PRÉSENT.E est un podcast dans lequel je souhaite porter au jour ce qui vient en amont puis en aval de l’art contemporain. Mes questions portent donc rarement sur les œuvres en elles-mêmes mais davantage sur toutes les réflexions et les doutes qui gravitent autour de celles-ci. Car ici je m’intéresse d’abord à la manière dont la vie de mon invité.e impacte son travail puis à l’inverse à la façon dont son travail vient impacter sa vie. Dans PRÉSENT.E j’essaie de mener les conversations comme j’ai l’habitude de le faire en tant que critique d’art dans les ateliers d’artistes ou à la terrasse des cafés. Sauf qu’ici nous sommes enregistré.e.s et vous avez la possibilité de tout écouter.

Camille Bardin
J’ai découvert le travail de Socheata dans l’atelier d’une autre artiste, celui de Prune Phi à Marseille. J’étais, comme souvent, avec Flora Fettah et Horya Makhlouf, nous parlions de traditions Khmer, de la culture bouddhiste et des morts que l’on fête chaque année le 2 novembre quand Horya nous a parlé d’une artiste qu’elle avait rencontré à Toulouse… Socheata Aing. Et je dois dire que cette rapide plongée dans le travail de Socheata aux travers des mots d’Horya m’a tout de suite émerveillée. J’avais envie d’en savoir plus et c’est pour ça que je voulais absolument l’inviter à venir nous en parler dans PRÉSENT.E, je suis donc ravie qu’elle ait accepté mon invitation aujourd’hui. Bonjour Socheata…

Socheata Aing
Bonjour Camille, Merci pour l’invitation.

Camille Bardin
Oui et merci d’avoir été si rapide à accepter mon invitation ! Pour que les auditeurices sachent, on s’est appelées pour la première fois mardi dernier il me semble. Tu m’as parlée de ton travail. On a un peu parcouru ton portfolio et on enregistre vendredi, seulement quelques jours après. Voilà, donc je suis trop contente qu’on soit toutes les deux aujourd’hui et que tu aies accepté de répondre à mes questions. Alors du coup, pour commencer, je voulais dire que tu as commencé ta formation artistique à Bordeaux. Là bas, tu as essentiellement développé une pratique autour de la peinture et en 2018, tu as pris un tout autre chemin. Tu t’es alors saisi de la performance Quand on a échangé toutes les deux il y a quelques jours pour préparer cette interview, tu m’as dit que ton corps avait eu besoin de se mettre en mouvement – comme si cela venait d’une force extérieure. Est ce que tu peux nous parler de ce moment où tu as décidé d’écouter ton corps justement ?

Socheata Aing
Je crois que dans la peinture, en fait, je cherchais déjà le mouvement parce que mes peintures étaient des grands formats et le moment du processus de la peinture était très important parce que je remplissais la surface de la toile et ça jouait beaucoup sur mon corps. Et en fait, tout ce processus était très important et j’en parlais à chaque fois que je les présentaiw. Et même je cherchais aussi le déplacement de la personne qui allait regarder la peinture pour que des choses se révèlent selon son déplacement dans l’espace, selon sa perception. Et il y avait cette idée de quelque chose qui se révèle, qui était très important. Et donc après, quand j’ai découvert la performance faite, j’ai senti que mon corps trouvait sa place à cet endroit. Il y avait une justesse que je n’arrivais pas à trouver avec la peinture dans laquelle j’étais un peu limitée. Et le corps a une place hyper importante. En fait, c’est avec notre corps qu’on ressent toutes les émotions. Je suis hyper reconnaissante envers mon corps qui me permet de ressentir l’amour, la tristesse qui me permet de ressentir l’environnement autour de moi. Et ce corps, c’est le meilleur moyen pour moi de transmettre toutes ces émotions que je ressens aux autres. Et cette idée qu’en fait les choses se révèlent avec la performance. C’est un processus avec des choses qui vont, qui vont arriver et qu’en fait ce moment qu’on a partagé, ça va être marqué auprès des personnes présentes.

Camille Bardin
Tu expliques que tu as rencontré la performance… Comment ça tu as rencontré la performance ? T’as découvert un ou une artiste ?

Socheata Aing
Alors bonne question. Ben voilà, j’ai fait mes trois premières années que de peinture. Je suis arrivée à Toulouse où j’ai essayé de continuer ce travail de peinture. Mais en fait il se remettait en question parce que je n’arrivais plus vraiment à continuer en fait. Puis il y a des événements qui sont arrivés, qui m’ont fait remettre en question tout mon environnement, mes certitudes, qui m’ont fait remettre en question les images. Et il s’avère que, à l’école de Toulouse, la performance, elle est assez présente et hyper décloisonnée parce qu’à Bordeaux, c’est un peu plus cloisonné les pratiques. Il y avait le coin peinture, coin performance et chacun travaillait un peu dans son coin. Et à Toulouse, vraiment, on était hyper encouragé·es à tout essayer. Et même si on était en quatrième ou cinquième année, notre travail n’était pas du tout figé. Donc les enseignant·es qui étaient avec moi et qui ont senti que le corps, il est important, quand je leur parlais de mon travail, j’étais en mouvement, ils sentaient que…

Camille Bardin
Oui ! Les auditeurices ne le voient pas mais tu bouges énormément quand tu parles ! Enfin j’ai l’habitude aussi de faire ces mouvements que les auditeurices ne voient pas. Mais oui, ça se sent que ton corps est habité en tout cas et que tu le mets en mouvement quoi…

Socheata Aing
Et c’est comme ça que j’ai pensé à une performance mais que je. Euh. Je m’attendais pas à ce que ce soit forcément quelque chose qui allait se poursuivre, mais en tout cas, j’ai pensé une performence qui était importante pour moi, que j’ai d’abord fait pour moi. Et c’est là que j’ai eu le déclic et que j’ai fait cette rencontre. Et je me suis dit : waw, en fait je veux en savoir plus, je veux en faire plus. Et là y a voilà. Il y a un potentiel que je connaissais pas…

Camille Bardin
Tu sais quelle est la prochaine question et je remarque, que tu l’évite soigneusement et je te remercie de pas spoiler mon interview, c’est très chic de ta part. Du coup, on y arrive. Donc cette première performance dont tu parles justement qui s’appelait « Lâcher prise », c’est une perf très très très forte. C’est un véritable moment cathartique durant lequel tu offres au public une part de ton intimité et une réflexion beaucoup plus large aussi sur les images, la mémoire, le collectif et le deuil. Est ce que du coup tu veux bien nous en parler un petit peu de cette performance ?

Socheata Aing
Oui, bien sûr. Alors, en fait, c’est une performance… En fait, quand j’étais en quatrième année, on avait un cours où on devait présenter le travail d’un artiste qu’on avait tiré au sort. Donc moi j’ai tiré sur un artiste et je me souviens plus de son prénom… Mais en fait, en me renseignant sur son travail, j’ai vu qu’à son diplôme, en fait, il avait un travail de photo. C’était que de la photo. Et à son diplôme en fait, il a décidé de détruire toutes ses archives, toutes ses archives de photos et ses archives aussi familiales, personnelles. Et en fait, quand j’ai découvert ce travail, je me suis dit Waouh ! Pour moi, c’était un geste ultra radical, sachant que c’était sa pratique principale et ça parlait aussi de ses archives personnelles. Et en fait, pour moi, la photo, même si je faisais de la peinture, la photo, elle a une présence très importante aussi. C’est vraiment quelque chose qui compte pour moi, c’est mes souvenirs c’est ma mémoire. Et je me suis dit ouais, c’est tellement radical que je me suis dit : « est ce que moi je serais capable de faire ça ? » Et je me suis dit non, HAHAHA ! Non c’est chaud !! Je me suis dit « Ouais, c’est vraiment… C’est voilà… Il faut…. Et plus je me posais cette question, enfin plus je réfléchissais et je me posais cette question… Et cette question, elle restait dans ma tête et je me suis dit ça m’a permis de me remettre en question sur toutes ces images qui m’entourent et leur importance, et notamment du fait que, à ce moment là, ma sœur était décédée depuis quatre ans. Donc j’avais vécu le deuil et les images avaient encore plus d’importance dans cette expérience. Donc j’avais des photos de ma sœur en fait avec moi, partout sur moi, Elle m’accompagnait, j’en avais une dizaine et je les avais vraiment toujours sur moi et c’était une présence qui était vraiment importante pour moi. Et je les regardées parfois. Elles avaient la trace de ces déplacements quotidiens, de mon corps aussi. Et donc voilà, habitée par cette expérience difficile du deuil, je me suis dit : Est ce que je serais capable de me séparer de ces photos qui étaient si importantes pour moi et qui représentaient

le corps de ma sœur… Et notamment aussi, dans mon éducation bouddhiste, il y a la place de l’autel dans la maison, c’est les autels des ancêtres. Donc c’est une place qui est en hauteur et c’est composé d’un cadre photo de la personne, de l’ancêtre, de la personne qui est décédée dans un cadre photo et d’un pot en encens, d’une bougie et d’un bouddha. Et cette place est très importante. Elle est sacrée. ça représente un corps et une invitation pour que les esprits puissent venir nous rendre visite et pour qu’on puisse leur parler. Donc voilà, dans ma tête, j’ai vraiment identifié la photo, le cadre à photo comme un corps. Et donc quand j’ai réfléchi au geste radical de cet artiste, je me suis dit voilà, il faut que je le fasse, il faut que j’arrive à dépasser cette nécessité, ce besoin des photos. En fait, faut que je puisse m’en détacher. Et donc j’essaie de réfléchir à comment le faire. Et l’artiste, il me semble qu’il avait brûlé toutes ces photos, genre un feu de joie, mais je me suis dit ah, la brûler… C’est violent. Et je crois que je me sentais pas prête à brûler mes photos. Mais je me souvenais que quand j’étais en prépa, j’avais fait tout un tas d’expérimentations avec les photos et j’avais testé la javel. Et je me souviens que voilà, au contact de la javel, l’encre se défait du support du papier et donc je me suis dit voilà, peut être que c’est le bon moyen. Et donc j’ai fait, j’ai fait cette performance, j’ai pris toutes les photos que j’avais de ma sœur et je les ai passées dans la javel devant les personnes présentes, en leur racontant tout ce processus de deuil, tout mon rapport aux images et donc. Je pouvais voir…. Voilà, je passais les photos une par une et l’encre se détachait au fur et à mesure dans un processus assez lent et doux, et l’encre partait comme de la fumée. Et c’était une manière de redonner un statut de souvenir aussi à ces images qui étaient figées et immobiles. Et j’avais envie vraiment de leur redonner une liberté.

Camille Bardin
C’est trop beau. Et… Vraiment fin… J’ai des frissons évidemment quand tu en parles, c’est incroyable. Enfin… Enfin je suis juste infoutue de supprimer des photos qui sont dans mon téléphone alors que par ailleurs elles sont sur mon ordinateur. Donc là le geste pour moi est vraiment mais ouais, assez dingue, je trouve. Et du coup, pour lâcher prise, il y a donc cette volonté cathartique qui t’est personnelle. Mais très vite, tu as aussi fait en sorte de créer du commun avec le public. Tu vas inviter les gens à s’investir émotionnellement avec toi et pour ça, tu passes par une sorte de ruse très légère. Au début, tu proposes aux spectatrices de venir couper des oignons avec toi, et là, inévitablement, à cause du souffre qu’ils dégagent, les gens se sont mis à pleurer ensemble.

Socheata Aing
Oui. En fait, cette performance, au départ, je l’ai pensé dans ce processus de… Il venait aussi d’un départ personnel, de l’envie de pleurer et de vouloir pleurer en public, de donner cet espace pour pleurer. Et donc je l’ai d’abord pensé où je coupais toute seule. Donc je l’ai fait deux fois où je coupais seule. Et en fait, je crois que j’ai eu l’impression que j’étais trop seule. Et je ne voulais plus en fait. C’était un peu le principe de cette performance et je voulais vraiment amener les autres personnes à se joindre à moi et que ce soit plutôt un moment collectif et pas juste qu’on regarde quelqu’un qui coupe toute seule et qui pleure et que ce soit. Vraiment… Une scène un peu dramatique. Mais je voulais vraiment que ce soit une invitation. C’est une célébration et je me suis dit tiens, je vais mettre d’autres planches et j’espère que des personnes pourront me rejoindre et qu’ils pourront comprendre qu’ils sont les bienvenus et qu’on va couper ensemble et qu’en fait c’est ça qui va être joyeusement…

Camille Bardin
Cathartique ! Oui, c’est vraiment ça…

Socheata Aing
Et donc ça a été et ça a été super. Les personnes se sont joints à moi à chaque fois, avec vraiment une envie de venir à bout de ses oignons et…

Camille Bardin
Oui parce qu’il y a bien dix kilos d’oignons en plus.

Socheata Aing Ouais !

Camille Bardin Donc c’est vraiment du boulot quoi.

Socheata Aing
Complètement. Et en fait, au fur et à mesure qu’on coupe les oignons, et bien on rassemble tous les oignons qu’on a coupés sur un plat et en fait, ça fait une dune d’oignons qui déborde et c’est vraiment quelque chose qui fait quelque chose, qui dépasse, qui nous dépasse. Et je sais que chaque participant, chaque participante réagit de manière très différente, donc c’est assez fort une fois en fait, la table était pas très très grande, mais assez pour recevoir quatre autres participants et une autre personne qui voulait se joindre à nous avait pris une petite planche à découper, s’était mise par terre et avait découpé l’oignon avec une fourchette.

Camille Bardin Oh wow !

Socheata Aing
C’était vraiment… Moi j’étais concentrée dans mon atelier, je le voyais à côté, par terre, en train de découper l’oignon avec une fourchette parce qu’il y avait plus de couteaux. Et je me suis dit wow ! Cette énergie !

Camille Bardin
Oui il avait vraiment un besoin de lâcher prise, vraiment !

Socheata Aing
Et de se joindre à cette énergie collective en fait, de venir à bout de ce voilà, de ce tas d’oignons. Et je me suis dit Wow ! Il y avait vraiment une envie de nous rejoindre.

Camille Bardin
Mais c’est fou, franchement… Je me souviens d’une expérience comme ça il y a quelques mois dans une expo que j’avais eu la chance de curater et en fait on avait invité une personne artiste qui travaillait aussi sur la notion des pleurs, c’est Rose-Mahé Cabel qui a aussi son épisode, de PRÉSENT.E. Et en fait on s’est retrouvés. C’était aussi autour de la notion du deuil et tout et on s’est retrouvés à tous chialer mais genre mais vraiment, moi je pleure vraiment souvent et je le dis souvent dans PRÉSENT.E. Mais là c’était des gros sanglots et c’est hyper impressionnant de se retrouver toutes et tous ensemble. En plus, les espaces d’exposition c’est souvent des espaces où justement notre corps ne peut pas être présent. Le rire est très peu présent quand il est là, ça va être un rire narquois, sarcastique… Pleurer pareil ! C’est rare quand même. Et du coup d’inviter les gens à investir comme ça leurs émotions et puis de ne pas avoir à dire pourquoi, tu as le droit de te cacher derrière le fait que c’est le souffre qui te fait pleurer de toute manière. Mais en fait derrière tu peux investir aussi ces pleurs et y mettre ce que tu souhaites quoi…

Socheata Aing
Ça fait partie des choses qui m’ont amenée à faire cette performance. Enfin, j’ai vu une exposition de Ren Hang et en fait, devant une des photos, j’avais été vraiment très très émue. J’étais au bord des larmes, je sentais que je voulais pleurer tellement j’étais émue. Et en fait j’ai pas réussi à laisser libre cours à mes émotions. Pourtant, c’était des émotions qui sont très belles. D’être émue par une œuvre d’art.

Camille Bardin
C’est une chance incroyable !

Socheata Aing
Ouais mais voilà, l’espace en fait, les personnes me permettait pas de pouvoir laisser libre cours à mes émotions. Et donc voilà, j’ai contenu, j’ai acheté le livre, je suis rentrée chez moi, j’ai regardé le livre et je suis retombée sur la même photo. Et là je me suis effondrée en larmes, j’ai pleuré, j’ai pleuré… Je me suis dit cette situation est absurde, Je pleure devant la reproduction parce que j’ai pas pu me sentir libre de pouvoir pleurer dans l’espace d’exposition.

Camille Bardin
C’est trop triste. En même temps, c’est à la fois trop beau de dire mais quelle chance quand même de réussir à être émue à ce point face à une œuvre, C’est quand même trop bien. Mais de ne pas se sentir suffisamment à l’aise dans ces espaces pour vivre pleinement les émotions qu’on vit, qui nous traversent… Alors même que c’est le lieu premier pour ça, c’est quand même le but de la manœuvre, quoi : quand tu rentres dans un musée, le but c’est quand même de vivre des trucs forts ! J’adore. Tu pourras me montrer cette photo ?

Socheata Aing Oui, bien sûr.

Camille Bardin
Je la mettrais en story, comme ça vous serez dans la confidence aussi si Socheata accepte. Et le fait que tu aies commencé par la peinture ne me semble pas du tout être anecdotique puisqu’aujourd’hui encore ton travail parle des images et des représentations. Il y a notamment une représentation sur laquelle tu as beaucoup travaillé parce qu’elle était très présente et qu’elle t’impactait. Cette image, c’est celle de Bouddha, son visage plus particulièrement, à partir duquel tu as pensé une performance qui s’appelle « Rester zen ». Et il faut le dire, tous tes titres sont très forts aussi.

Socheata Aing
Ce travail, il parle des objets qui utilisent la représentation du Bouddha. Donc c’est des objets décoratifs qu’on peut trouver dans des magasins comme Gifi ou des magasins de jardinerie où ce sont des bibelots qu’on décore ou on met une bougie dedans, on les met par terre dehors comme des nains de jardin. Et pour moi qui suis bouddhiste et qui a une éducation bouddhiste, la figure du Bouddha est vraiment sacrée. C’est presque un membre de la famille, donc c’était vraiment une vision qui me coûtait énormément et donc je mettais des œillères. Donc je faisais pas attention, j’essayais de faire abstraction parce que c’était tellement accepté et c’était tellement normal cette esthétisation du Bouddha.

Camille Bardin
Hyper exotisante en plus…

Socheata Aing
À fond. Et une fois je marchais et là j’en ai vu encore une autre dans une vitrine d’agence immobilière. Et là j’ai dit ok, c’est celui de trop et il faut que je fasse quelque chose. Donc, je suis allée dans un magasin le plus proche et j’ai cherché une tête de Bouddha et j’en ai trouvé une. Donc c’était une tête de Bouddha en ciment, qui pesait quatre kilos cinq. Donc je me suis dit ok, je l’ai ramenée chez moi. Et en fait, elle été assez lourde et j’ai eu l’impression de porter, de porter un corps, une tête, un corps qui était familier en plus. Et je me suis dit voilà, j’avais envie… Pour parler de tout ce que ça représente… de lui redonner un statut de morceau de corps. Parce que pour moi, cette tête là, c’est des têtes décapitées. Et sauf qu’on le voit pas parce que c’est une esthétique lissée. Et donc voilà, c’est vraiment la représentation de l’art asiatique occidental, mais personne ne le voit et j’ai envie de leur donner ce statut de tête décapitée, de morceau de corps et de rendre compte de la violence que ça peut représenter. Et donc j’ai… Pour cette performance qui s’appelle « rester zen ». Je roule cette tête de Bouddha au sol avec mon pied dans l’espace d’expo et comme elle est très lourde, elle fait un bruit de grondement et au fur et à mesure que je la roule, la tête s’altère aussi. Et pendant que je roule cette tête, je diffuse un son qui rassemble des annonces commerciales qui vendent des têtes de Bouddha que j’ai récupéré.

Camille Bardin
Et c’est des vraies ?

Socheata Aing
Oui, c’est des vraies.

Camille Bardin
Ah ! Parce que du coup, toutes les vidéos de tes performances sont disponibles sur ton site, que je mettrait en description évidemment. Et c’est lunaire. Genre vraiment. Je pensais que à la fin je me suis dit mais c’est pas possible, elle a enregistré des trucs elle même. Enfin c’est genre « Des têtes lisses… De jolies têtes… Des têtes zen qui vous permettront de faire un environnement zen et feng shui… » Ou je sais pas quoi. Ennnnh…

Socheata Aing
Genre : « Donner à votre intérieur des airs d’Asie avec cette tête de Bouddha…. »

Camille Bardin Oh là là là…

Socheata Aing
Bref, plein, plein plein plein plein, il y en a énormément, le son est hyper long. Donc voilà, j’ai vraiment le choix et je les ai pris tel quel. Et donc quand on me voit rouler cette tête, cette image très violente de cette tête à mes pieds que je roule et ces son très lissés, très commerciales, séducteurs, plein de clichés, des stéréotypes d’exotisme. Voilà, on sent la différence de tons, de contrastes et on comprend que la violence, elle vient de la commercialisation de l’image du Bouddha. Et ça me permettait de parler de tout ça. Et cette performance, elle a une deuxième partie où j’ai rassemblé plusieurs objets décoratifs de Bouddha. Et en fait, je leur construis un ensemble avec ces têtes avec de la terre d’argile noire, et je les accumule les unes sur les autres pour leur former un genre de corps, pour qu’elles se rassemblent, qu’elles se donnent aussi de la force. Et il y a un corps qui est un peu, qui est un peu transformé, qui un peu mutant parce que il s’est opéré tellement de déplacement depuis là d’où elles viennent, là d’où elles sont issues. Parce que moi je fais un parallèle avec les pillages coloniaux, donc les statues qui viennent d’Asie du sud est qui qui datent de l’époque coloniale, qui ont été décapitées par souci d’efficacité dans les transports. Donc les têtes qui ont le plus de sens ont été coupées des sculptures qui avaient des corps et ramenées en Europe, en France et exposées dans des musées d’Art Asiatique et donc perçues comme un symbole de l’art asiatique mais ce sont des têtes décapitées ! Et donc dans l’inconscient collectif, c’est ça l’art asiatique : des têtes ! Mais en fait des têtes décapitées. Et donc après ça se multiplie en objet décoratif, ça se popularise et ça donne ces objets qui ont… Voilà où il y a une genre de rupture avec leur héritage et donc qui semblent lisse et séduisante. Et voilà cet objet à la fin, il parle de ces déplacements, de ces transformations, de ces oublis et donc il échappe à l’esthétique qu’on attend d’elle et qu’on aime, qu’on projette dessus, puisqu’il y a là cette terre d’argile noire, toutes ces têtes qui sont agglutinées les unes sur les autres…

Camille Bardin
Et du coup, on comprend que dans ta pratique il est question de soin, mais il me semble que ça s’arrête pas là. Tu incites aussi au déplacement des corps. Quand tu construis cette sculpture à plusieurs têtes qui devient presque monstrueuse. Enfin, il y a un truc fin… Tu montres que le rapport de force peut s’inverser. En fait, tu as fait une autre performance avec cette tête il y a quelques mois au musée Guimet, le Musée national des arts asiatiques, justement. Cette fois ci, ce visage du Bouddha devenait un poids qui venait lester ton corps et avec lequel tu faisais des renforcements musculaires. Ça m’a fait penser au livre Se défendre de la philosophe Elsa Dorlin. dans lequel elle explique qu’on a désarmé certains corps pour les discréditer, pour les invalider et les mettre en minorité. Est ce que déployer ton corps, montrer sa force, c’était quelque chose d’important pour toi ? Et sinon, quelle était la volonté à ce moment là quand tu as fait ces renforcements musculaires au Musée Guimet ?

Socheata Aing
Alors, à ce moment là, quand j’ai eu cette possibilité de faire une performance au contact des sculptures, en plus, c’est une très grande collection qui vient du Cambodge, donc ce sont mes origines. Donc je me suis dit c’est important et il y a réellement quelque chose à faire à cet endroit. Et j’avais pas envie de rouler cette tête tout près des sculptures parce que pour moi c’était vraiment… Ça allait être un geste beaucoup trop violent et c’est pas celui que j’avais envie de faire. Et j’avais envie de porter cette tête, d’en prendre soin, de mesurer le poids de ce qu’elle représente aussi en termes de symboles, de représentation, et de retrouver un contact aussi charnel avec cette tête. Aussi, par rapport aux têtes exposées dans le musée qui est, qui semble être venues d’une civilisation très lointaine qu’on ne peut pas toucher, qui sont là depuis des lustres, qui font partie de la collection. Donc j’avais envie de ramener ce lien, ce contact et leur donner un sens au présent et de quelle manière elle peut impacter notre vie et quel héritage ça représente. Et donc voilà, j’ai décidé de courir avec cette tête qui est assez lourde et de faire ces exercices de renforcement. Et donc au fur et à mesure, en fait, je fais ces exercices, on voit toute une chorégraphie qui se déroule entre cette tête que je porte et mon corps. Et en fait, voilà, c’est assez beau cette relation entre cette tête qui a l’utilité d’un poids de base dans les exercices musculaires. Mais là, tout d’un coup, c’est vraiment un corps qui me fait face. C’est presque un double de moi même, je suis presque le corps de cette tête. Et il y a tout ce jeu entre cette tête, mon corps, les sculptures présentes et les personnes présentes aussi. Et j’avais vraiment envie de vraiment mesurer ce poids, le poids de cet héritage et de retrouver ce contact et. Et oui, pour moi, associer l’effort musculaire, enfin les exercices… Ça crée un décalage aussi qui est un petit peu amusant et qu’on attend pas du tout dans ce musée ou même de ma part. C’est aussi une manière de me réapproprier cet objet, l’objet de la tête de Bouddha décoratif de cette représentation… Et comment est ce que moi je me réapproprie, je joue avec aussi cette représentation qui me dépasse et qui me heurte de quelle manière ? Moi j’amène mes propres codes et je donne un langage qui parle plus justement de ce rapport que j’ai avec, avec cette tête, avec cet héritage et le sport me le permettait à ce moment là et est de juste l’amener dans le sport en fait… Pendant cette performance il se passe plein de choses qui se déroulent au fur et à mesure et à la fin, voilà, ça amène à une réconciliation, ça amène à un lâcher prise…

Camille Bardin
Mais justement, c’est intéressant parce que c’est pas par hasard que t’as choisi le sport. Quand on s’est appelées on n’a pas tant parlé de sport que d’endurance. Et le fait que l’endurance avait une place importante aussi dans ta vie, dans ton éducation. Et du coup, je trouve que c’est aussi une manière de faire exister l’intime dans une performance, mais de manière hyper discrète. Parce que personne le sait si tu le déclares pas. Donc peut être… Enfin j’ai l’impression que ça parle de ça aussi. Fin je parlais de Dorlin et de toute sa réflexion autour des corps desarmés et je trouve que du coup c’est ça aussi… Le renforcement musculaire… Est que tu veux en parler de la place que prends l’endurance dans ta vie.

Socheata Aing
Oui oui, toute cette endurance que je déploie dans toutes mes performances, c’est aussi quelque chose qui m’a été transmise dans le parcours aussi de mes parents et que moi aussi je porte parce que c’est aussi ma manière de vivre les événements et dans mon propre parcours en fait. Voilà, cette endurance elle est vraiment dans ma chair et en fait en épuisant un peu mon corps et mon état. En fait, c’est une manière de quitter le contrôle. Parce qu’en général on garde tous le contrôle et en fait, le fait de m’épuiser, ça me permet de lâcher le contrôle et de pouvoir être plus sincère et amener des émotions vraiment qui sont vraiment intérieures, que je n’arriverais pas à transmettre, à donner dans ma vie quotidienne. Mais le fait de passer par l’endurance, l’usure du corps, ça me permet de lâcher les armes et de pouvoir transmettre quelque chose qui est vraiment là et qui est nécessaire. De sortir, aussi parce que c’est le fait d’accumuler plein de choses, de contenir. En fait, ces moments de souffrance, cette souffrance qu’on peut percevoir dans mes performances, c’est aussi une souffrance qui a besoin d’être relâchée, exprimée et en fait pour aller encore mieux après quoi ! Et elle est présente dans la vie, donc autant là… Enfin, il faut la montrer parce qu’elle est présente de toute façon. Alors pour la charge mentale il faut s’en défaire.

Camille Bardin
Oui, j’ai vraiment l’impression que tu vas au bout des choses. Il y a vraiment ce truc qui est hyper impressionnant je trouve, et c’est peut être pas vraiment une question, mais peut être qu’on peut réussir à discuter à partir de cette remarque. En fait, je crois que l’une des choses que je préfère dans ton travail, c’est ta capacité à toujours mettre en place les conditions sine qua non à la rencontre. Tu viens soit conforter les gens, soit comme dans le cadre de rester zen, tu les confrontes, tu les pousses à la remise en question. Et je pense que ce qui fait que cela fonctionne aussi bien, c’est qu’il me semble que tes performances sont de véritables mise à nu. Comme tu le disais, on sent que tu ne joues pas et que tu crées un espace de totale sincérité. Comment tu réussis aussi à mettre ça en place, à faire en sorte que. Enfin oui vraiment, c’est pas une actrice quand tu performes, t’es pas une performeuse, T’es vraiment toi. C’est une mise à nu totale. C’est ça qui, je trouve qui est fou… Et qui nous fait nous mêmes baisser les armes, c’est quand tu vois une personne qui, qui est tellement sincère et t’offre tellement de choses que tu ne peux pas rester de marbre.

Socheata Aing
Mmmm. Oui, alors ces conditions dont tu parles qui permettent d’amener cette mise à nu, je pense que c’est ce qui en fait toutes mes performances partent d’une nécessité. Et à partir du moment où il y a une nécessité, du coup, bah ce qui va se déployer, ça va être vraiment très sincère parce que ça part aussi d’un besoin, mais qui pour moi je considère comme un besoin aussi collectif. Et donc c’est pour ça que je le fais. Et donc quand je construis mes performances, je réfléchis à la justesse de mes choix de déplacement dans l’espace, de ce que peuvent provoquer les choses.

Camille Bardin
Il y a aussi une réflexion que tu as mené à partir de la cuisine de ton père.

Socheata Aing Oui.

Camille Bardin
Et qui t’a permis de mettre en place une vraie méthodologie de travail. Est-ce que tu peux en parler ? Peut être. Je trouve ça assez intéressant la manière dont tu as réussi à mettre des mots aussi sur comment faire en sorte de faire une bonne performance.

Socheata Aing
Ben ça c’est une réflexion qui est assez récente. En fait, je me posais pas mal de questions sur mon travail, j’avais du mal à avoir une vision globale pour pouvoir en parler, parce que j’avais l’impression que dans mes performances, il y avait plusieurs tons. Parfois elles étaient très politiques, graves, parfois assez drôles, absurdes. Donc il y avait plein de trucs comme ça que j’identifiais. Mais par rapport à d’autres performeuses, d’autres performeurs que je regardais, qui avaient une identité assez identifiable. Moi je le voyais pas et je me disais mince, j’ai pas encore compris comment se déroule mon travail et comment en parler. Et récemment, j’ai un souvenir qui m’est revenu, c’était que mon père qui a toujours cuisiné à la maison pour nous et qu’en plus on est une grande famille : j’ai quatre sœurs et il a toujours beaucoup cuisiné et il m’avait confiée que le secret pour réussir un bon plat, c’était qu’il contienne les cinq goûts, qu’il soit à la fois sucré, salé, acide, amer et pimenté. Et donc ce souvenir m’est revenu et j’ai eu l’impression… Enfin, j’ai l’impression qu’en fait je fais la même chose avec les performances que je compose, mes performances sont comme un bon plat avec cinq tons. Et donc j’ai identifié pour le sucré, l’affect pour le salé, l’humour pour l’acidité, l’absurde pour l’amertume, le politique et pour le pimenté, l’effort physique. Et donc, quand j’ai pu identifier ça, j’ai essayé de voir avec toutes mes performances si effectivement ça fonctionnait. Effectivement, à chaque fois, on a une proportion différente de chaque ton, mais à chaque fois c’est cinq tons étaient présents et ça m’a fait. Je trouvais ça drôle, ouais. Et en plus, la cuisine, elle a une place aussi dans mon travail avec les oignons et d’autres performances. Donc je me suis dit, ah oui, enfin voilà, ça m’a permis de vraiment comprendre, me dire ok, en fait c’est comme ça que je travaille et c’est ok.

Camille Bardin
En fait c’est presque des espèces de curseurs quoi. Après je sais pas. Enfin du coup, maintenant que tu vas être amené à penser de nouvelles performances, tu vas pouvoir aussi jauger quelle quantité de ces goûts là tu as envie de mettre à chaque fois. En fonction de l’espace qui t’invite ou du public potentiel et de toi ce que tu as envie d’y mettre aussi quoi.

Socheata Aing
Oui, c’est ça. Et puis ça me donne aussi beaucoup de liberté parce que je me dis qu’en fait c’est complètement ok si j’ai une performance qui est assez dure ou assez drôle, mais quoi qu’il arrive, en fait, elles sont jamais juste dures ou juste drôles. Il y a toujours d’autres tons qui se mêlent. Parce que c’est important pour moi quand c’est dur d’alléger les choses…

Camille Bardin
Mais c’est drôle parce que c’est un truc qui revient fréquemment. Quand je discute avec des artistes,

ils me disent souvent qu’ils ont peur que leur travail n’ait pas de ligne claire en fait. Et c’est drôle parce qu’en général en plus, c’est des artistes qui pour moi ont une ligne évidente. Tu vois chez toi tout se tient justement, c’est assez fort parce que tu arrives à faire des performances qui a priori n’ont rien à voir et en même temps enfin tout se tient très clairement tu vois, et c’est très identifiable que c’est toi qui les a pensées. Du coup, je trouve ça drôle ce truc qui revient souvent. Et puis en plus tu as bien le droit de te saisir de plein de sujets…

Socheata Aing
Mais c’est vrai que dans l’art, en fait, on est confronté à devoir se présenter assez rapidement et à être assez clair et à avoir une conscience de son travail. Sinon on est un peu, on semble un peu perdu. C’est difficile d’être identifiée. Donc à chaque fois que je devais parler de mes performances. Voilà, je savais pas trop comment en parler parce qu’il y avait plusieurs pistes qui sont là et voilà des choses très différentes. Et j’avais du mal en peu de mots à attraper tout mon travail. Et quand je voyais d’autres travaux, je me disais ah oui, on identifie bien leur travail alors que moi c’est pas clair du tout. Oui, c’est ça.

Camille Bardin
Oui mais oui, mais c’est clair que ça vient de là, ce besoin de faire des présentations en deux ou trois mots pour présenter à des collectionneurs qui passent ou dans un portfolio.

Socheata Aing
Oui, et alors que ce n’est pas évident. Et en fait, c’est aussi un peu absurde quoi, de devoir parler de son travail en cinq minutes.

Camille Bardin
Oui, on est bien d’accord. Oui, bah justement, on glisse doucement, naturellement, à chaque fin d’épisode justement vers les conditions de travail, tout l’à-côté de la pratique. Et du coup, en termes de conditions de travail, il y a une question que je pose systématiquement dans chaque entretien de PRÉSENT.E, qui est une question très libre. En tout cas, tu es libre de la prendre comme tu le souhaites, d’y répondre ou non. Cette question c’est : Est-ce que tu réussis à vivre de ton travail ?

Socheata Aing
Alors euh non, pas vraiment.

Camille Bardin
Quelles sont tes stratégies d’existence ?

Socheata Aing
Alors en fait, après avoir été diplômée… En fait J’ai toujours travaillé un peu à côté. Et donc quand j’ai eu mon diplôme, en fait, je travaillais tout de suite dans la restauration à temps plein, puis après à temps partiel, et c’était un peu difficile, très difficile, surtout après le diplôme. On essaye de… Voilà, on se remet un peu en question et on essaye de trouver sa place. Et en fait le Covid est arrivé et les restaurants ont fermés. Et donc moi j’ai pu arrêter de travailler. J’ai eu un chômage technique, donc pour moi la période du Covid, ça a été quand même assez bénéfique parce que c’était la première fois de ma vie que je ne travaillais pas mais que j’avais un salaire et donc j’ai pu. Voilà, j’avais tout mon temps libre. En plus on était en confinement, donc full champ libre.

Camille Bardin Ouais.

Socheata Aing
C’est ça. Et je n’avais pas à me soucier en fait de mes finances et ça m’a vraiment soulagée d’un poids et donc j’ai pu bosser à fond. Donc j’ai bossé sur un portfolio et je me suis fait un site internet. J’ai fait que bosser, j’ai écrit énormément, j’ai eu plein, j’ai eu des nouvelles pistes et ensuite bon, la crise c’est un peu remise… J’ai repris le travail et c’était plus difficile de reprendre après. Et après j’ai fait une résidence et je me suis dit « ah ouais non mais c’est vraiment trop confortable ce genre de contexte » et je me dis « j’ai plus envie de travailler en restauration. » Voilà. Et j’ai eu la chance. Enfin, je

travaillais en fait avec un groupe de recherche à l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse. Où un poste s’est un peu libéré et ils m’ont proposé d’être monitrice de recherche. Et donc, depuis un an et demi, je fais ça et ça me permet d’avoir un salaire. C’est du mi-temps mais ça me permet de plus travailler dans un boulot alimentaire. Et en plus, ce groupe de recherche, il est hyper intéressant, il s’appelle genre 2030, donc c’est proche de mon travail aussi et c’est comme ça que je peux avoir une stabilité, mais sinon de mon travail plastique, de mes performances, non je n’en vie pas encore.

Camille Bardin Ça viendra !

Socheata Aing
Mais au moins je suis libéré d’un travail alimentaire et ça c’est quand même une chance.

Camille Bardin
Complètement. Merci, c’était vraiment hyper intéressant et vraiment merci pour cette générosité et cette sincérité parce que je trouve que tu fais vraiment du bien.

Socheata Aing
Merci. Merci à toi pour ton intérêt, pour mon travail et ton envie et ton enthousiasme que tu transmets.

Camille Bardin
Et merci à Horya du coup de m’avoir parlée de ton travail.

Socheata Aing
Je t’embrasse Horya hahaha !

Camille Bardin
Je te remercie Socheata d’avoir accepté mon invitation. Merci à vous d’avoir écouté cet épisode. Je mettrai évidemment toutes les références etc. en description. Je vous donne également rendez vous sur le compte de PRÉSENT.E pour suivre toutes les actualités du podcast. N’hésitez pas également à vous abonner depuis votre plateforme et à mettre plein d’étoiles. Enfin, je remercie grandement David Walters pour le générique. Je vous dis à dans deux semaines, mais d’ici là, prenez soin de vous et je vous embrasse.

Publié par Camille Bardin

Critique d'art indépendante, membre de Jeunes Critiques d'Art.

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